La relieuse du Gué de Anne D. Mehdevi : une pépite de brume et douceur


Si je dois bien confesser quelque chose, c'est que depuis le début de l'année, je n'ai pas la tête à la lecture, je picore beaucoup d'un roman puis j'ai tendance à passer à un autre roman le lendemain. Je ne trouve pas vraiment de nouvelles lectures, de nouvelles histoires qui m'enthousiasment au point d'avoir envie de reprendre le livre, retrouver les personnages, l'intrigue. Et puis, j'ai parcouru les rayonnages d'Emmaus sans trop y croire. Mon regard s'est finalement posé sur une tranche en particulier, le titre m'évoque quelque chose : la Relieuse du Gué. Je m'en saisis et suis aussitôt intriguée par la couverture, je parcours la quatrième de couv', le repose.
Quelques minutes plus tard, je revenais sur mes pas et décidaient d'embarquer l'ouvrage malgré une pile à lire déjà conséquente et normalement suffisante pour y trouver mon bonheur. Le livre a pris la poussière pendant deux semaines et puis un matin, je me suis décidée à l'emporter pour la pause déjeuner. Je ne l'ai plus lâché.

La relieuse du Gué de Anne Delaflotte Mehdevi, éd. Babel


La relieuse du Gué est le premier roman de Anne Delaflotte Mehdevi. L'autrice nous emmène en plein milieu campagnard, à la découverte d'une ruelle un peu particulière, occupée par des artisans de toute sorte et dont une maison est depuis peu devenue l'atelier de reliure d'une ex-parisienne d'adoption qui ne pouvait trouver ses marques dans la capitale. Un beau matin alors que le jour est à peine levée et la ruelle encore endormie, la jeune relieuse, qui profite de ce moment entre chat et loup pour savourer la paisibilité de son atelier, entend frapper à sa porte. Elle découvre un homme énigmatique venu lui demander la restauration d'un livre ancien auquel il semble beaucoup attaché alors même qu'il ne parvient à le regarder. Fait plus étrange, au cours de la journée qui s'en suit, notre artisan apprend la disparition de cet inconnu. Dès lors une question la hante :  que faire de ce livre  pas comme les autres ? Le donner à sa famille mais personne ne connaît l'identité du défunt...

Ce résumé est à la fois très court et très long à l'échelle du roman. Ce qui m'a plus au premier abord, c'est la plume : poétique, envoutânte, lente aussi parfois. Anne Delaflotte contemple et prend le temps de nous installer dans une ambiance brumeuse, en eau-trouble, nous faisant parfois douter de la réalité des faits. Elle se plaît également à décrire le métier de relieur et pour cause, c'est son premier métier. N'importe quel amoureux de livre et en particulier du livre en tant qu'objet retiendra son souffle à chaque mot pour mieux les savourer. L'écriture m'a donc séduite dès le premier chapitre puis très vite, c'est l'intrigue. Elle n'est pas complexe, ce n'est pas un roman d'aventure, ce n'est pas une enquête policière, je ne vais pas vous mentir. Il ne se passe pas forcément des faits exceptionnels mais on s'attache aux personnages et finalement, on se prend au jeu et à notre tour, on se révèle aussi curieux que le personnage principal, on ne veut qu'une chose : éclaircir le mystère de l'inconnu au livre...

J'ai dévoré ce livre en moins d'une matinée, je ne pouvais plus le reposer. C'était plus fort que moi, j'avais envie de lire le chapitre suivant et puis sans même m'apercevoir que je lisais, la dernière page est arrivée. Je l'ai reposé, satisfaite de cette lecture, heureuse d'avoir fait la connaissance de chacun des personnages présentés. Je conseille ce roman aux amoureux des livres qui aiment se laisser installer dans une atmosphère particulière mais qui ne sont pas en quête d'une action grandiloquente. Il faut aimer savourer le quotidien, la beauté des petits riens et le monde de la rêverie pour apprécier ce livre.


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